Laurence LOUIS
Je suis ancrée depuis 24 ans dans le Haut-Jura, aux Molunes. Par la fenêtre de mon atelier j’ouvre parfois ma bulle de concentration aux variations du paysage, comme une respiration.
Tout cela a commencé il y a longtemps par une histoire de lampe, la nuit. Dans la confusion de mes insomnies, je construisais des armatures en fil de fer recouvertes de papier, partant de ce que j’avais sous la main avec la seule obsession d’inventer un habitacle pour la lumière. La nuit était une eau calme et noire. Pour la traverser dans mon fragile esquif je m’essayais légère, j’économisais mes forces en me serrant contre son cœur vacillant.
Je n’étais pas destinée à une carrière artistique et pourtant créer s’est imposé comme une évidence, au croisement du hasard et de la nécessité.
En 2007, Arlette Helfer a écrit au sujet de l’installation « La penderie » : « Comme en physique quantique, pour Laurence Louis la lumière est une matière. Dans ses sculptures, elle amène du volume, de l’épaisseur et contredit l’évanescence du papier. Elle exalte les couleurs, matérialise le squelette métallique qui les supporte et fait naître des ombres portées qui animent les créations au-delà d’elles-mêmes. Elle est matière et mouvement. »
Je réalise des sculptures lumineuses. Ce ne sont pas vraiment des lampes, plutôt des présences qu’on allume. Un squelette de fil de fer, du papier de soie et de mûrier, des bouts de tissus, de dentelle et de la couleur pour la chair.
Comment saisir quelque chose de l’instant qui passe ?
Au-delà ou en deçà de l’aspect parfois anecdotique de la beauté d’un objet et de son équilibre, j’aimerais soulever des questions, des sensations, tenter de sortir de soi quelque chose où le personnel et l’universel se rejoindraient. Une petite lueur pour accompagner la vie.